Editions Zoé, 2021
Un jeune homme se rend à Venise afin de trier les archives d’une grande traductrice, dans la maison de cette dernière récemment internée. Pour le protagoniste, c’est une occasion inespérée de disparaître, de faire l’expérience du délitement, de la frugalité, mais aussi de se glisser dans l’œuvre, les murs et jusque dans les habits de cette traductrice. Avec sensualité, l’auteur évoque la difficulté de faire sens de la vie, des liens entre les êtres, mais aussi de la notion d’œuvre. Tout risque la dissolution – le matériel et l’immatériel, jusqu’à la nostalgie première. Un roman très subtil.
Les 43e Journées Littéraires de Soleure ont eu lieu principalement en ligne en raison de la pandémie de Corona.
Aus: Bruno Pellegrino. Dans la ville provisoire. Editions Zoé, 2021
Au salon, au milieu des boîtes de déménagement, j’ai fait un tour sur moi-même. La robe voltigeait, ample, elle prolongeait le mouvement quand je m’interrompais. Les jupons en se froissant créaient des tourbillons qui me caressaient les jambes. Je recommençais, comme un enfant, je ne voulais plus arrêter. Le paon empaillé me fixait de tous ses yeux. La robe gonflait, me soulevait, elle était immense et je me sentais léger et beau, je tournoyais, je flottais dans le salon, je nageais dans la robe.
