Elisabeth Horem Aeschbacher

Elisabeth Horem, née à Bourges (FR) en 1955. Etudes de lettres et d’arabe à Paris et en Syrie. Vit ensuite à Gaza et Jérusalem, Moscou, le Caire, Prague, Bagdad, Tripoli, Damas et Doha. Elle vit maintenant en Bretagne. (2016)

Werke (Auswahl)

La Mer des Ténèbres.
Bernard Campiche Editeur, 2015

La Charrette d'infamie.
Bernard Campiche Editeur, 2013

Un jardin à Bagdad. Journal.
Bernard Campiche Editeur, 2007

Mauvaises rencontres. Nouvelles.
Bernard Campiche Editeur, 2006

Shrapnels. En marge de Bagdad.
Bernard Campiche Editeur, 2005

Le Chant du bosco.
Bernard Campiche Editeur, 2002

Congo-Océan.
1996

2016

La Mer des Ténèbres

Bernard Campiche Editeur, 2015

« La Mer des ténèbres » est peuplée de personnages au destin exceptionnel. Comme un théâtre d’ombre, ils vivent intensément, contemplant l’absurdité du monde, déterminés, puis pliant l’échine sous les coups du sort. En trois histoires qui finalement se rejoignent dans la mémoire d’une femme qui pourrait bien être l’auteure, ce roman laisse entrapercevoir au lecteur les rives de sa probable « mer des ténèbres ».

Aus: Elisabeth Horem Aeschbacher. La Mer des Ténèbres. Bernard Campiche Editeur, 2015

Voyager, c’est souvent attendre. Attendre que baisse l’eau d’un oued en crue ou que la peste s’éloigne. Attendre que finissent les pluies qui rendent les chemins impraticables, que les brigands cessent d’attaquer les caravanes et que les routes soient enfin plus sûres. Attendre la guérison d’un furoncle, d’une fièvre, d’une ophtalmie. Attendre. De sa chambre qui donne sur le Grand Port il passe des heures à observer au travers d’une jalousie les allées et venues en bas, sur le quai. Il a vingt-quatre ans. Il attend un bateau pour continuer son voyage ou plutôt le commencer.


Fr, 06.05.16, 15:00

Brève lecture
Aussenbühne Klosterplatz

Sa, 07.05.16, 17:00

Lecture
Stadttheater Studio Arici
Moderation: Nicolas Couchepin
2006

Shrapnels. En marge de Bagdad

Bernard Campiche Editeur, 2005

Aus: Elisabeth Horem Aeschbacher. Shrapnels. En marge de Bagdad. Bernard Campiche Editeur, 2005

La route de l’aéroport a mauvaise réputation. Elle est bordée en de nombreux endroits par une muraille faite de grandes dalles de béton dressées les unes à côté des autres, de ce béton qui prolifère ici et dans d’autres pays de la région, protection partiellement efficace contre eux, ceux qui le long des routes, et de celle-ci en particulier, lancent des grenades pour immobiliser les véhicules. Après quoi, ils attaquent. Barrages de contrôle, murailles de sacs de sable, blocs de béton en chicane qui vous mènent face à l’œil rond d’un char. Grésillement de la radio. On roule à deux voitures, toujours, sur cette route. Elle voit les palmiers, des murs couleur de terre, elle a le sentiment d’avoir déjà vu tout cela, sans doute à cause des souvenirs qu’elle a d’autres pays où il y a aussi des palmiers et où le vent chaud soulève comme ici des nuages de poussière jaune. À moins que cette impression ne lui vienne des images qu’elle a vues de la guerre récente, reproduites dans tous les journaux, sur tous les écrans. Elle reconnaît ou croit reconnaître des monuments déjà repérés depuis l’avion, ou d’autres qui révèlent la même démesure: la plus grande mosquée du monde, chantier grandiose et interrompu; des sabres géants croisés que brandissent de colossales mains de bronze; des palais inachevés ou en partie effondrés; d’autres palais intacts devinés derrière des murs d’enceinte. Une ville immense, d’un style hybride, à la fois oriental et socialiste, et qu’elle ne connaîtra pas vraiment, elle le sait dès le début, parce qu’elle ne pourra sortir que très peu, jamais seule et jamais librement, condamnée à rester pour toujours en marge de cette ville.

So, 28.05.06, 13:30

Lecture
Altes Spital, kleiner Saal
Moderation: Aline Delacrétaz
1996

Congo-Océan

1996

Aus: Elisabeth Horem Aeschbacher. Congo-Océan. 1996

Sur toutes les photographies où on la voit, c'est une très jeune femme, souvent en train de rire. Sa vieillesse est encore une terre inconnue, cachée derrière l'horizon, improbable. Qu'y a-t-il de commun entre cette Irène en jupe blanche qui prenait une photo de son amant à Santa Luzia un jour de l'année 1956 et celle d'aujourd'hui qui, peut-être, s'est tournée vers le mur pour ne pas répondre la soeur franciscaine lorsqu'elle est venue fermer la fenêtre de sa chambre?
Je préfère l'imaginer Santa Luzia - la Santa Luzia d'alors, s'entend, celle des maisons coloniales festonnées de balcons où fleurissaient des bougainvillées et des femmes en robe blanche, et où elle arriva il y a de cela quarante ans, car l'heure même où j'écris la guerre civile couve dans toute la Galibie; des étrangers ont été massacrés Sawa, dans le Sud, les troubles se multiplient, les bateaux ne remontent plus le fleuve au-delà de Battingui, et même dans les villes de la côte l'atmosphère est devenue tendue.


Sa, 18.05.96, 09:00

Lecture
Landhaus Säulenhalle
Moderation: Deta Hadorn-Planta