Françoise Choquard
(texte inédit)
1998
Aus: Françoise Choquard. (texte inédit). 1998
Mes romans s’éditent régulièrement. Ecrire n’est pourtant pas facile pour une maman. Ah! tous ces baillons à l’inspiration que sont le quotidien et ses répétitions! Je connais bien un „ailleurs“ que mille fois je rejoins en pensées. Mais le rêve seul ne donne pas au crayon les utiles démangeaisons. C’est partir tout court, qu’il va falloir. Comment formuler la décision péremptoire? La vérité toute simple: partir pour écrire-difficile à accepter pour ceux qui restent, j’en conviens! En dehors des belles saisons, sur l’île éolienne oubliée du monde, Stromboli! La vie au ralenti pour la dernière pensionnaire que je suis, dans la dépendance de l’hôtel Villaggio Stromboli. Accrochée sur des rochers de lave, la batisse surplombe la mer. Attenante à la chambre-cellule, une minuscule terrasse à l’éolienne, avec ses bancs pris dans la maçonnerie des murs. Vue sur la mer ou vue sur le volcan, sinon rien! Mes pages blanches se tournent, sur l’histoire qui s’écrit, seule. L’ombre du citronier m’est amical rappel du temps. Avant que le soleil ne se couche derrière le volcan – qui gronde et fulmine en cadence – une marche alerte m’invite entre les murets des venelles, autour des maisons blanchies à la chaux, petites et uniformément carrées.
(texte inédit)