Pascale Kramer

Née à Genève en 1961, vit actuellement à Paris. Écrivain et rédactrice publicitaire. A reçu de nombreux prix, dont le prix Schiller en 2009 pour «L’implacable brutalité du réveil». Plusieurs de ses romans sont traduits en allemand. (2014)
Werke (Auswahl)
Die unerbittliche Brutalität des Erwachens..
Rotpunkt Verlag, 2013
Gloria.
Flammarion, 2013
Voyage à reculons .
Editions Zoé, 2011
Un homme ébranlé.
Éditions Mercure de France, 2011
L'implacable brutalité du réveil.
Éditions Mercure de France, 2009
L'adieu au Nord.
Éditions Mercure de France, 2005
Les vivants.
Editions Calmann-Lévy, 2001
Übersetzungen (Auswahl)
Pascale Kramer. Brutale è il risveglio.
Übersetzt von Luciana Cisbani.
Tunué, 2020
Pascale Kramer. Abschied vom Norden.
Übersetzt von Andrea Spingler.
2007
Pascale Kramer. Abschied vom Norden .
Arche Literatur Verlage, 2007
Gloria
Flammarion, 2013
Gloria, femme-enfant, demande à Michel, qui s’est jadis occupé d’elle, de venir la voir. Gloria, devenue mère, prétend avoir besoin de lui, sans exprimer vraiment les raisons de sa demande. Et lui, qui sait qu’il ne devrait pas céder, retourne voir cette jeune femme qu’il avait convaincue à l’époque, contre l’avis de tous, de garder son enfant. «Gloria» est le sobre récit de cette rencontre au goût de non-dit, de trouble et d’interdit.
Aus: Pascale Kramer. Gloria. Flammarion, 2013
Michel s’empressa de démarrer ; la visite l’avait beaucoup remué, il était anxieux et surtout contrarié de ne s’être pas méfié davantage de sa propre fragilité. Gloria apparut à la grille alors qu’il quittait la rue. Elle était engoncée dans un manteau à capuchon de fourrure artificielle et tenait la main de la petite perdue dans un anorak trop léger et à moitié tombé de son épaule. Michel les dépassa sans faire signe. La minceur du petit corps secoué de quintes dans l’anorak tout de travers avait fait éclater en lui une détresse foudroyante. Cette enfant allait le hanter d’une inquiétude qu’il savait lui être devenue interdite.
Sa, 31.05.14, 11:00
So, 01.06.14, 11:00
Un homme ébranlé
Éditions Mercure de France, 2011
«Un homme ébranlé», c’est Claude, qui va mourir d’un cancer; autour de lui, sa femme Simone, et un enfant, le fils de Claude, Gaël, 11 ans, qui fait irruption dans leur vie. Situation familiale complexe, débâcle explicite et menace diffuse éveillent chez chacun d’eux l’inquiétude et révèlent l’ambivalence et la complexité déroutante, cruelle parfois, des sentiments. Une fois de plus, dans ce douzième roman, le style très sensoriel de Pascale Kramer crée dans une atmosphère dérangeante et prenante.
Aus: Pascale Kramer. Un homme ébranlé. Éditions Mercure de France, 2011
Elle avait imaginé un presque adolescent, c'était encore un garçon dont la lourde tignasse châtain-roux s'arrêtait haut sur la nuque dans une brusquerie bâclée de coups de ciseaux. Il était petit pour onze ans, son ventre précipitamment rentré faisait ressortir des pectoraux joliment grassouillets. La ressemblance avec Claude était cocasse dans cette chair jeune et sensuelle. Simone se demanda si eux pouvaient la voir. Elle se présenta, tenta un sourire, ne sachant pas si on embrasse encore à cet âge. Il y avait quelque chose d'étonnamment doux et adulte dans cette crânerie timide de onze ans. Simone n'en revenait pas de comprendre qu'il était parfaitement résolu à être là.
Di, 03.05.11, 14:00
L'adieu au Nord
Éditions Mercure de France, 2005
Aus: Pascale Kramer. L'adieu au Nord. Éditions Mercure de France, 2005
Alain entamait sa cinquième saison à la cressonnière de son frère Jean, son dos ankylosé par toute une semaine d’un même mouvement penché dans l’eau glacée des bassins accusait les cahots de la camionnette avec délice. Ils étaient partis à cinq heures, Jean souhaitant livrer des cageots à l’épicerie du village avant de les raccompagner tous les trois chez eux pour le week-end.
Fr, 26.05.06, 20:30
Les vivants
Editions Calmann-Lévy, 2001
Aus: Pascale Kramer. Les vivants. Editions Calmann-Lévy, 2001
C’était un samedi de début juin, une de ces journées trop lumineuses dont la splendeur désespère. Vincent contourna S. pour filer vers l’autoroute. Il semblait jouer avec la tentation de s’enfuir pour de bon et en éprouver une frustration grandissante. La chaleur sous le pare-brise contrastait agréablement avec la vigueur du vent qui leur fouettait le visage par les vitres ouvertes. Vincent conduisait vite, Benoît n’aimait pas beaucoup l’expression de ses yeux légèrement enfoncés, ni la blancheur des os qu’on devinait en transparence sous la peau des doigts serrés sur le volant, pourtant c’était la première fois depuis l’accident qu’il ressentait un peu d’excitation, et il lui en était reconnaissant. Ses copains restaient empêtrés par les égards qu’ils croyaient lui devoir. Leurs rencontres, devenues des sortes d’obligations pénibles, le laissaient déprimé et d’une solitude à laquelle il aurait parfois préféré le châtiment de remords bien réels. Vincent et lui étaient désormais du même bord, malheureux avec colère et envieux de la chance des autres. Pourtant, durant les quelques deux heures qu’ils passèrent ensemble, dans une palpitation de vitesse et de musique, la joie de Benoît alterna sans cesse avec la crainte que Vincent arrive à formuler la question qu’il méditait depuis le déjeuner.