Monique Laederach
Sa, 22.05.04, 14:00
Tiré de: Nos voix seulement dormaient. Textes pour l'Octuor de Schubert. A lire dans "Drehpunkt", mai 1994
Quand j'étais petite, dit-elle,
et sa voix pleine de petits cailloux,
J'entendais mon corps J’entendais
dedans la rumeur et les battements
et les borborygmes,
Tu comprends?
Et je dansais toute seule, les poings
sur les oreilles
J'écoute dans ma voix la trace de la voix
de ma mère
et j'entends qu'elle pleure et qu’elle
gémit et qu'elle supplie
Moi qui ne suis pas née j’entends
sa voix abandonnée,
le sang séché sur elle, tellement
séché qu'il ressemble
aux larmes des femmes brilées vives à
cause de l'amour,
et qu'il ressemble à l’amour
et nous n'avons reçu que cela, rien d’autre
que cela qui ressemble à l'amour,
sûres, nous, qu'il est parmi le sang,
consubstantiel.
Di, 15.05.94, 11:00
Di, 07.05.89, 10:30
Tiré de: La femme séparée
Le visage d'Anne inversé dans le miroir, mais lui donner un autre nom, son nom à elle, elle s'appelle... Pas encore, pense Anne. Pas encore. Lui laisser le temps de prendre au-delà du visage son épaisseur, dormir avec elle, rêver avec elle, parler avec elle, pourquoi pas: elle finira bien par dire son nom.