Alexandre Najjar (LB)
Tiré de: Berlin 36, Prologue
2008
Conseiller du ministre libanais de la Culture, avocat à la cour, responsable de L'Orient littéraire, chroniqueur et ardent défenseur de la francophonie, Alexandre Najjar revient dans son dernier livre sur les jeux olympiques de Berlin en 1936. Mais il est surtout l'auteur de «L'école de la guerre», récit d'une enfance libanaise, qui, comme l'écrit Richard Millet dans sa préface, transforme «du banal en extraordinaire, de l'horreur en lumière».
Aus: Alexandre Najjar. Phénicia. 2008
Sans Jesse Owens, je n'aurais jamais visité l'Amérique. Depuis des années, un mari libanais établi à Boston m'invitait à passer quelques jours chez lui, mais je ne me décidais pas, paralysé par mon mépris pour la politique de Georges Bush, trop arrogante à mon goût. Le jour vint enfin où, pris de passion pour Jesse Owens, je résolus de franchir le pas. Car ce personnage représentait à mes yeux l'Amérique telle que je l'aimais: audacieuse, volontaire, libre. Pour moi, Jesse Owens n'était pas seulement l'athlète accompli qui avait brillé aux jeux olympiques de Berlin, c'était aussi l'homme qui avait surmonté la ségrégation qui minait son pays et ridiculisé les théories de la suprématie aryenne prônées par les nazis. Au Liban, j'avais, comme lui, connu des apartheids et la résistance aux « ténèbres organisées »: je ne pouvais rester insensible à son combat contre le racisme et la haine.