Denis Guedj (FR)
Extrait de: Génis
Edition du Seuil, 2000
Aus: Denis Guedj. Le Mètre du Monde. Edition du Seuil, 2000
Lorsque Génis vint au monde - prononcez «génisse» comme le petit de la vache - ce fut après avoir TOUT accepté.
Plus précisément, s'il vint au monde, c'est parce qu'il avait tout accepté. N'avait-il pas consenti à ETRE CONFORME aux lois qui l'avaient fait naître humain? Davoir permis que toutes les lois de lunivers s'appliguent à lui, de n'avoir pas été rebelle une seule fois - car une seule fois eut suffit - de ne pas s'etre produit exception ou contre-exemple à l'Ordre du Monde. En un mot, d'avoir choisi de naître à terme et à temps, liait Génis à ce monde - et ce monde à Génis - bien plus que celui-ci ne l'avait cru dès l'abord.
Génis avait coopéré avec toutes les forces de l'ordre qui maintenaient le monde à l'abri du chaos. Un nouveau-né est vieux, déjà, de mille acceptations. Son premier signe le terrible aveu d'un passé noir de soumission. Un passé de collaboration.
Il pourra bien par la suite contester tous les pouvoirs, s'insurger contre toutes les autorités, s'insoumettre, se rebeller, se mutiner, saper les fondations de toutes les oppressions, scier les barreaux de toutes les domestications, miner les Bourses ruiner les Banques, sinistrer les Assurances, forcer les blindages, disloquer les armures, couper les mailles des lets et les ailes des puissants. pourra bien etre la brique réfractaire, enchâssée dans le mur de l'asservissement, l'aiguille dans la meule des dominations. Il pourra bien défaire tous les rangements.