Marie-Claire Dewarrat
Les jours funestes d'Algernon Logan
Editions de l’Aire, 2000
Aus: Marie-Claire Dewarrat. Les jours funestes d'Algernon Logan. Editions de l’Aire, 2000
On ne voit plus la porte noire.
Béante, elle est tombée contre le mur et y reste plaquée. Elle pend, légèrement de guingois, le gong supérieur qui est une tige forgée horizontale s’étant distendu sous le poids du vantail, du temps, de l’usage et de l’usure des choses qui amincit même les os de fer des portes anciennes.
Le lit est un navire en détresse.
Ses hauts gréements, son pont, sa coque, secoués de vagues dures, heurtées, craquent, grincent, gémissent. La proue touche parfois le mur blanchi et un peu de plâtre tombe sur les coquillages sculptés; la poupe, souvent, semble sur le point de se disloquer.
Trop chargé, le navire, Domenico.
On s’est embarqué à trois sur l’antique nacelle: une religieuse transpirante à droite, Domenico à gauche, la femme en couches béante entre les deux, agippée des deux poings à leurs mains en cordes de halage, toute vibrante des marées qui poussent, hors d’elle-même, ce qui a pris racine dans ses entrailles. Sur la passerelle grinçante du parquet, la deuxième soeur surveille l’ouverture du chenal.