Michel Layaz

Né en 1963 à Fribourg, vit et travaille à Lausanne. Après avoir voyagé, il se consacre à l’écriture et à l’enseignement. A reçu de nombreux prix, dont le prestigieux prix Dentan pour «Les larmes de ma mère», Zoé, 2003.Plusieurs de ses romans sont traduits en allemand.
Werke (Auswahl)
Die fröhliche Moritat von der Bleibe.
verlag die brotsuppe, 2014
Le Tapis de course.
Editions Zoé, 2013
Due sorelle.
Edizioni Clichy, 2013
Deux soeurs.
Editions Zoé, 2011
Il est bon que personne ne nous voie.
Editions Zoé, 2006
La joyeuse complainte de l'idiot.
Editions Zoé, 2004
Les légataires.
Editions Zoé, 2001
Übersetzungen (Auswahl)
My Mother’s Tears.
Übersetzt von Tess Lewis.
Seagull Books, 2019
Louis Soutter, sehr wahrscheinlich.
Übersetzt von Yla von Dach.
verlag die brotsuppe, 2019
Auf dem Laufband.
Übersetzt von Yla von Dach.
verlag die brotsuppe, 2016
Le Tapis de course
Editions Zoé, 2013
Un homme qui paraît avoir un contrôle absolu sur sa vie voit soudain ses certitudes s’écrouler parce qu’un adolescent a priori sans intérêt le traite de « pauvre type ». Au fil des réflexions qu’il enregistre sur son smartphone, les murailles de Chine s’écroulent pour laisser apparaître un homme nu, vulnérable et finalement presque attachant.
Aus: Michel Layaz. Le Tapis de course. Editions Zoé, 2013
À la grande bibliothèque, si j’entends prononcer le nom d’un écrivain ou d’un philosophe, ou encore celui d’un peintre, si j’entends le nom tout court, uniquement le patronyme, même si je ne participe pas à la conversation, même si je ne fais que passer par là, je précise, c’est-à-dire que j’ajoute aussitôt au nom le prénom de l’homme ou de la femme plus ou moins illustre, parce que je ne supporte pas qu’on omette le prénom, je déteste qu’on se croie autorisé à dire par exemple Laclos, Laclos et rien d’autre. Immédiatement, sur un ton hautain, avec la moue dégoûtée, je dis: Pierre Choderlos de Laclos.
Fr, 30.05.14, 17:00
Sa, 31.05.14, 10:00
Sa, 31.05.14, 16:00
Deux soeurs
Editions Zoé, 2011
Deux sœurs vivent dans une grande maison désertée par les adultes. Rebelles et souveraines, elles aiment le vaste tilleul du jardin, les coquilles d’escargot, les hautes herbes que l’on fauche et la douceur de la nuit. Elles entraînent dans leurs jeux «l’amoureux» et une assistante sociale. Dans son dixième roman, le Lausannois Michel Layaz célèbre l’insoumission, l’amour et la poésie avec une liberté de ton réjouissante et un jeu gourmand avec la langue. «Deux sœurs» vibre d’une grâce sauvage et joyeuse.
Aus: Michel Layaz. Deux soeurs. Editions Zoé, 2011
Les deux soeurs attrapent l’amoureux avec une autorité voluptueuse, elles le déshabillent en un tour de main de cuisinière professionnelle et elles l’assoient entre les couteaux et les épices, entre le persil et les planchettes, pour le manger par petits bouts, des orteils aux oreilles.
Les deux sœurs affirment que sa chair vaut mieux que celle des crustacés.
L’amoureux s’ébat, bat des cils.
Rien ne vaincra leurs desseins d’ogresses.
Les langues tirées ont la douceur du sable, le luisant des sabres.
Fr, 03.06.11, 16:00
Il est bon que personne ne nous voie
Editions Zoé, 2006
Aus: Michel Layaz. Il est bon que personne ne nous voie. Editions Zoé, 2006
… jure que tu ne raconteras à personne. Et je le jure. Jure que tu n’essaieras jamais de me tromper. Et je le jure. Jure que tu me laisseras te caresser la nuque aussi longtemps que je le désirerai. Et je le jure. Même dans dix ans? … Oui, même dans dix ans! Même dans cinquante ans? … Oui, même dans cinquante ans! Charlotte croit à la parole donnée. Elle croit aussi que j’arriverai à exprimer toutes les sensations qui dans sa tête se lient, que je les sortirai une à une de l’obscurité pour les renverser sur des feuilles blanches. Elle dit que personne ne sait la regarder comme je la regarde, que personne ne prononce son nom comme je le prononce, que personne ne lui presse la main comme je la lui presse. Je n’aime pas que Charlotte parle de cela. Pour une fois, je me méfie des mots, inquiet que ne se rompe la magie dont Charlotte nous prétend capables …
Sa, 19.05.07, 11:00
Les légataires
Editions Zoé, 2001
Aus: Michel Layaz. Les légataires. Editions Zoé, 2001
A tour de rôle, les hommes m’ont laissée indifférente, vaguement dégoutée, ou exitée, insensible, irritable ou comblée. A mes ébats, j’ai mêle toutes sortes de désordres: des intrigues, des trahisons, des supplices, des rages, des lieux impossibles. Plus ténébreuses, les caresses enflent le plaisir. La chair découvre ses insolences. Que les littérateurs devinent ce que j’ai connu, qu’ils essaient d’inventer mes nuits d’absorption, qu’ils me prêtent le corps d’une héroïne de roman. Cécile, Sylvie, Mascha, Justine, Corinne, Simone, Foedora, Marie, Anastasia, tintent sur mes tempes, hantent mes nuits, et cent autres que mon corps séquestre. Moi aussi j’ai séduit des prêtres, des professeurs, des juges, des gamins, des ouvriers, des pères de famille. Rien de plus facile!...
Une seule fois!...
Je n’ai éprouvé qu’une seule fois un vrai plaisir, une tension voluptueuse qui m’a emportée au-delà des jouissances, des coïts attendus, des extases et des épouvantes: en embrassant mon frère. Mais pour dire ce baiser, pour raconter cette émotion, je ne suis ni assez baroque, ni assez romantique.
Et plutôt que d’égarer sa langue, mieux vaut se taire.