Fatou Diome (FR)
Celles qui attendent
j'ai lu, 2010
Les romans et nouvelles de Fatou Diome sont tendus entre deux mondes, tissés d’allers-retours entre le pays d’accueil et l’île natale, entre présent et passé. Dans un style vif et savoureux, truffé d’images fortes et rythmé comme un chant, elle y brosse aussi le portrait de femmes poignantes et courageuses. Dans «Celles qui attendent», elle raconte l’espoir et l’angoisse de celles qui restent au pays tandis que les hommes émigrent en Europe. Mères et épouses d’absents, piliers de la famille, elles «traversent les aubes comme on descend dans l’arène».
Aus: Fatou Diome. Celles qui attendent. j'ai lu, 2010
Arame, Bougna, Coumba, Daba, mères et épouses de clandestins, portaient jusqu’au fond des pupilles des rêves gelés, des fleurs d’espoir flétries et l’angoisse permanente d’un deuil hypothétique; mais quand le rossignol chante, nul ne se doute du poids de son cœur. Longtemps, leur dignité rendit leur fardeau invisible. Tous les suppliciés ne hurlent pas. Silence ! (…)
Elles avaient des raisons pour ne pas chanter, pour esquiver la danse et même économiser leurs sourires. Mais elles chantaient, dansaient et riaient exagérément, comme rient ceux qui se retiennent de pleurer.